La grossesse pose un risque accru aux femmes atteintes du syndrome de Marfan. On sait que la grossesse et l’accouchement augmentent considérablement la charge sur le système cardio-vasculaire et le cœur.
Si vous désirez entamer une grossesse, et que vous avez une atteinte cardiovasculaire (dilatation de l’aorte, et/ou prolapsus de la valve mitrale), vous devez impérativement aborder les risques avec votre médecin gynécologue et votre cardiologue, et ce, avant toute grossesse.
Le risque d’une dissection aortique en cours de grossesse devient très important lorsque le diamètre de l’aorte dépasse 40mm. En dessous de ce diamètre, une grossesse peut être envisagée (sous certaines conditions) avec un suivi cardiologique tout aussi strict.
Au-delà de ce diamètre, les risques d’une grossesse doivent être évalués au cas par cas (antécédents familiaux de dissection, rapidité de progression de votre dilatation aortique entre autres paramètres).
La médication que vous prenez devra être modifiée. Il faudra interrompre la prise de losartan et adapter ou démarrer un bêta-bloquant.
Une grossesse n’est pas conseillée dès lors que le diamètre de l’aorte atteint ou dépasse les 45mm. On vous conseillera une chirurgie aortique préventive avant de l’envisager.
Le suivi est tout aussi strict si vous avez déjà été opérée de l’aorte. En effet, l’aorte peut se dilater à d’autres endroits.
La grossesse est formellement déconseillée après une dissection aortique.
Si vous avez une valve aortique artificielle, il faudra adapter votre médicament anticoagulant car la warfarine peut avoir un effet tératogène (occasionner des malformations chez le fœtus) ou entraîner une fausse couche.
La grossesse de toute femme atteinte du syndrome de Marfan doit être considérée à « haut risque ». Des examens radiologiques (échographie, IRM) doivent être faits avant toute grossesse et répétés dans le courant de la grossesse (au minimum tous les trois mois, souvent plus). La tension artérielle doit être monitorée.
Le mode d’accouchement sera déterminé conjointement par votre cardiologue et votre gynécologue obstétricien. En effet, celui-ci doit imposer un minimum de stress sur l’aorte.
Précautions à prendre pour l’accouchement
Il est généralement recommandé discuter du mode d’accouchement dans le courant du troisième trimestre. C’est en effet la période de la grossesse où le risque de dissection est maximal. Cela étant, si la situation cardiaque maternelle est stable, la naissance ne doit pas être envisagée avant la 37e semaine. L’accouchement doit idéalement être programmé dans un hôpital disposant d’un service de chirurgie cardiaque et d’un service de néonatologie.
Un accouchement par voie basse est possible si le diamètre aortique est stable et inférieur à 40mm, sous réserve que la péridurale soit possible; celle-ci aidera à limiter les variations de la tension artérielle qui peuvent favoriser une dissection aortique.
En revanche, la péridurale est contre-indiquée lorsque la femme présente une ectasie durale (modérée ou sévère). L’ectasie durale est la dilatation du sac qui contient la moelle épinière, elle peut être identifiée par une résonance magnétique (IRM). Une péridurale peut alors augmenter le risque d’une fuite du liquide rachidien.
Le Collège national de gynécologues et obstétriciens de France a émis des recommandations pour la prise en charge d’une grossesse chez la femme présentant un syndrome de Marfan ou syndrome apparenté. Elles peuvent être consultées en cliquant ici . Vous pouvez les partager avec votre médecin.