Une maladie génétique
Le syndrome de Marfan est une maladie d’origine génétique qui affecte le tissu conjonctif. Ce dernier est présent dans tous les tissus de notre corps. Il sert de soutien à nos cellules et nourrit les échanges avec l’intérieur de la cellule. Il est particulièrement abondant dans les os, les articulations, la peau, les structures de l’œil et le système cardiovasculaire.
Aussi, c’est à ces endroits-là que les manifestations de la maladie vont être les plus marquées.
Le problème au départ est une mutation sur le gène FBN1, situé sur le chromosome 15 dans le noyau des cellules. Ce gène est un long morceau d’ADN qui renferme le code pour la production d’une protéine, la Fibrilline-1, essentielle à la bonne structure et à la fonction du tissu conjonctif tant élastique que non élastique.
La mutation – erreur dans le code – n’est pas toujours localisée au même endroit, ce qui rend sa recherche parfois difficile. On a déjà décrit plus de 3000 mutations différentes.
La Fibrilline est donc produite en quantité insuffisante, ou est de mauvaise qualité.
Cela va avoir des répercussions sur différentes parties du corps. C’est pour cela qu’on parle d’une atteinte multisystémique.
C’est l’atteinte du système vasculaire qui fait que la maladie est particulièrement grave et peut même être fatale si elle n’est pas traitée à temps.
Comme la maladie est d’origine génétique, elle peut se transmettre de parent à enfant. Cette transmission se fait de manière autosomique dominante, ce qui signifie que l’enfant qui hérite de ce gène défectueux d’un de ses deux parents sera lui aussi atteint. Statistiquement, cela concernera un enfant sur deux.
C’est donc une maladie familiale le plus souvent.
Dans 1/3 des cas, la mutation n’est pas transmise, elle survient par erreur lors de la fabrication de l’ovule ou du spermatozoïde, ou encore lors de la fécondation. On appelle cela une mutation « de novo », le malade étant le premier cas dans une famille indemne. Bien sûr, une fois la mutation survenue, elle pourra être transmise à la génération suivante.
La maladie est rare et survient chez 1 personne sur 2000 à 5000 dans la population générale.
Cela veut dire qu’en Belgique, il y aurait entre 3000 et 6000 personnes atteintes.
Parmi ces personnes-là, un certain nombre d’individus n’a pas encore de diagnostic et ne bénéficie donc ni d’un suivi ni d’un traitement adéquat. Elles sont par conséquent beaucoup plus à risque de faire des complications graves.
En savoir plus
La fibrilline-1 est une protéine.
Elle forme des chaînes pour constituer les microfibrilles. Celles-ci vont s’associer à d’autres protéines pour former la trame du tissu conjonctif et en assurer la solidité ainsi que l’élasticité.
D’autre part, la fibrilline-1 interagit avec la TGFbeta en freinant sa voie de signalisation. La TGFbeta a de multiples fonctions dont la construction des vaisseaux sanguins (angiogenèse) et la multiplication cellulaire. Ces voies métaboliques vont donc être déraillées par une fibrilline anormale
(voir article)
FBN-1/TGF-β relationships and fibrillopathies : Julien Wipff1,2*, Yannick Allanore1,2 et Catherine Boileau1,3